Force athlétique VS. Force Culturiste
Comment comprendre la différence entre Force athlétique VS. Force culturiste peut affecter/améliorer vos entraînements ?
La Force.
Si convoitée.
Nombreux passent du temps à la cultiver pour diverses raisons et depuis toujours. La performance, la sensation, l’acceptation de soi ou encore et tout simplement pour le doux plaisir de la progression.
Chacun se fait une idée de ce qu’est la force quand le mot est prononcé. Car elle existe sous de multiples facettes. Loin de moi l’idée de passer sous silence certaines de ses plus belles variantes, je vais toutefois me restreindre au sujet de la force dans le cadre de l’entraînement aux résistances et notamment en comparant l’entraînement dit de « force » par rapport à l’entraînement hypertrophique (qui a pour but principal le développement de la masse musculaire).
Je ne suis pas là pour vous ressortir la vieille soupe qui a longtemps fait perdurer l’idée que « la force c’est moins de 5 répétitions et l’hypertrophie se situe quant à elle entre 8 et 12 répétitions ». Cette vieille soupe a tourné depuis longtemps. Parlons plutôt de la distinction entre la force « athlétique » et la force que je vais appeler ici « culturiste ». On pourrait aussi l’appeler force musculaire interne et ce serait beaucoup plus juste, mais le titre serait un peu moins racoleur et j’espère que vous me pardonnez donc cette petite pirouette me servant à capter l’attention.
A. Force et Volume musculaire
Rappelons-nous tout d’abord que la force et le volume musculaire vont de paires mais font aussi leurs propres chemins. En effet, un plus gros muscle est en toute logique un muscle avec plus de protéines contractiles — mettons de côté, si vous le voulez bien, les discussions sur l’hypertrophie sarcoplasmique qui n’en est pas véritablement une de toute manière. Il peut donc engager plus de liaisons actines/myosines pour résister à de plus grandes tensions. Toutefois, plus de sarcomères (le matériel contractile du muscle composé notamment d’actines et myosines et composant les fibres musculaires) ne garanti pas l’équivalent en gain de force.
Ah ?
Et oui, car le système nerveux a aussi son rôle à jouer. Il doit parvenir à activer un maximum de fibres musculaires simultanément pour présenter la plus grande force possible. Ce n’est pas le tout d’avoir plus d’ouvriers sur le chantier, encore faut-il un bon maître d’oeuvre pour les diriger et planifier correctement leurs efforts. Un muscle fort est donc un muscle avec de nombreuses fibres (en particulier les fibres blanches, dites de type II) et la capacité à les contracter ensemble dans un effort maximal. C’est pourquoi on peut aussi devenir plus fort simplement en améliorant son influx nerveux et sans prendre 1 gramme de muscle en plus. C’est d’ailleurs un élément important de la préparation de certains athlètes ayant des catégories de poids comme les lutteurs ou les haltérophiles.
En somme, un plus gros muscle a tout simplement le potentiel d’être un muscle plus fort. Un muscle plus fort n’est cependant pas nécessairement plus gros. Cela dépendra en bonne partie de comment il est entraîné.
Toutefois, un muscle plus fort est un outil important de progression pour le culturiste, en particulier si l’on parle de cultiver la force intramusculaire sur un large éventail de répétitions.
B. Force athlétique
La force athlétique — c’est-à-dire la force physique au sens conventionnel finalement — est la capacité à déplacer une charge. Un sport de force bien connu est le Powerlifting, aussi appelé Force Athlétique et Dynamophilie (nom un petit peu surprenant et que j’ai découvert récemment) en français. Le pratiquant démontre sa capacité à déplacer une charge selon certains critères lors de trois mouvements : le développé couché, le squat et le soulevé de terre. Ce n’est bien entendu pas la seule manière de démontrer et comparer sa « force » car il existe aussi l’Haltérophilie, le Crossfit, le Strongman mais l’idée est la même : l’athlète est testé et comparé sur certains mouvements spécifiques au sport.
Ainsi donc, la force ici présentée est mesurée en termes de charge externe. Pour déplacer la plus grande charge externe, il faut synchroniser la force musculaire de plusieurs muscles du mieux possible, selon les meilleurs leviers possibles et de la manière la plus explosive possible (quand bien même la charge se déplacera lentement tant elle peut être proche du maximum des capacités de l’athlète). Cela nécessite indéniablement de la force musculaire mais aussi énormément de technique pour rentabiliser la position du corps entier de la manière la plus efficace possible et synchroniser parfaitement la prise en charge du poids par les différents muscles et aux différentes étapes du mouvement. Et oui car ce n’est pas tout à fait le même effort entre par exemple le bas d’un développé couché (qui nécessite beaucoup de pectoraux) et le haut (qui demande des triceps forts pour verrouiller les bras).
C. Force culturiste
La force musculaire interne — que j’appelle ici force culturiste pour le spectacle — n’est, quant-à-elle, pas une question de charge externe comme la force athlétique mais une question de tension musculaire interne. Ce n’est absolument pas la même chose ni ne s’entraîne de la même manière. Dans l’idée de tension musculaire interne, l’objectif n’est plus de déplacer une charge externe maximale, qui demande d’être le plus efficient possible techniquement. On parle ici d’exposer le muscle a la plus grande tension interne. Le culturiste, ou le pratiquant de musculation-santé, n’a pas tant le soucis de la performance extérieure de force. Il recherche certes la surcharge progressive mais pas en rentabilisant les muscles pour produire plus de force externe. Il recherche à mettre en tension chaque fibre musculaire et en particulier dans leur position étirée (qui engendre le plus de réponse hypertrophique et entretient le plus la flexibilité). Pour ce faire, le culturiste ne cherche pas tant à synchroniser ses forces musculaires et rentabiliser sa position mais plutôt à cultiver sa mind-muscle connection, c’est-à-dire sa relation cerveau-muscle ou sa capacité à volontairement engager au maximum un muscle lors d’un mouvement. Progresser revient à pouvoir faire supporter de plus en plus de charge à ces fibres exposées et l’entraînement demande que les mouvements soient amenés à l’échec musculaire (ou presque), c’est-à-dire que le pratiquant ne puisse pas exécuter une répétition de plus et uniquement car le muscle principale ciblé ne parvient plus à générer suffisamment de tension. L’échec musculaire du culturiste est donc aussi un échec technique.
Il a été prouvé dans la littérature scientifique qu’on pouvait augmenter le degré d’activation d’un muscle soit par des guides externes, comme « cherche à rapprocher tes coudes l’un de l’autre » au développé couché, ou par des guides internes, comme « cherche à pousser avec tes pectoraux uniquement ». On le savait mais si la littérature l’a prouvé alors on est vraiment royal là !
Travailler en force culturiste demande bien souvent de manipuler moins lourd car un poids maximal est un stress global trop important : c’est tellement lourd que plus rien ne peut occuper l’esprit si ce n’est un effort de survie maximal de déplacer la charge coute que coute. Une charge externe moins lourde peut permettre de développer plus de tension intramusculaire dans un muscle et sur toute son amplitude de travail grâce à une meilleure technique d’exécution. On augmente ainsi le ratio stimulus / fatigue du muscle en question ce qui est l’objectif du pratiquant de culture physique ou sport-santé.
Il est tout à fait possible de manipuler une charge moins lourde (qui est donc moins stressante pour tout le corps et toute sa physiologie) tout en causant un stimulus d’adaptation hypertrophique plus fort.
D. Techniques différentes Force athlétique VS. Force culturiste
À ce titre, il est évident que la technique de développé couché d’un pratiquant de force athlétique sera diamétralement différente de celle d’un culturiste. Le powerlifter cherche à optimiser tous ses leviers et réduire la distance de parcours de la barre (ce qui a mené parfois à des extrêmes assez comiques que j’ai mis dans la vidéo youtube associée à cet article avec un timestamp si vous souhaitez y aller directement), là où le culturiste cherche à exposer son muscle le plus possible et généralement sur la plus grande amplitude morphologique possible. Il faut surtout retenir que dans ces deux cas, ce n’est en fait pas le même mouvement ni le même objectif, tout simplement.
Conclusion
J’espère vous avoir à aider à verbaliser comment la force peut être vue et cultiver de 2 manières différentes dans une salle de sport : Force athlétique VS. Force culturiste. On peut progresser en force athlétique et en force culturiste en augmentant ses poids dans les deux cas, mois après mois d’entraînement. Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas le même type de force car l’une se focalise sur la charge externe et nécessite de synchroniser des efforts musculaires explosifs maximales avec une certaine position du corps, tandis que l’autre se focalise sur la capacité à créer la tension intramusculaire la plus forte possible sur une amplitude musculaire maximale. Ainsi une même personne peut s’entraîner en « développé couché power » avec 120kg tout en restant à 80kg pour du travail culturiste, avec une technique radicalement différente entre les deux mouvements.
J’espère que ces notions vous aideront à mieux concevoir et exécuter vos entraînement. Si vous avez des questions ou besoin d’aide à ce sujet, mes offres de coaching sont décrites ici et vous pouvez m’écrire via cette page.
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